
À vélo sur le front


« Dans les champs de Flandre, les coquelictos Fleurissent entre les croix qui, rangée sur rangée, Marquent notre place; et dans les ciel: Le vol des alouettes et leur chant toujours brave, A peine audible au sol dans le grondement du canon »
Marnix Vincent
En 2014, cela fera un siècle qu’éclatait la Première Guerre mondiale qui allait mettre la région du Westhoek à feu et à sang. Il existe sans conteste mille et une façons de commémorer la Grande Guerre. Nous avons choisi de le faire à vélo, de Poperinge à Ypres en passant par Zonnebeke. C’est notre manière à nous de prendre la mesure de ce passé belliqueux et de l’absorber en douceur tout en pédalant. Une randonnée à vélo qui touchera au cœur trois générations. Seppe, pas encore 10 ans, bombarde de questions Bram son papa et Paul son pépé tandis que sa petite sœur, trois ans et demi, salue chaque cimetière avec insouciance.
Poperinge

Nous commençons sur le Markt de Poperinge. Tandis que courageuses, nous cherchons les cellules des condamnés à mort, les hommes de la compagnie, du petit-fils au grand-père, décident de nous attendre patiemment sur une terrasse. Nous nous aventurons dans les petites cellules poignantes où quantité de soldats passèrent des heures d’angoisse. Certains n’étaient enfermés que pour une nuit, d’autres y vécurent leurs dernières heures dans ce monde devenu fou, avant d’être exécutés sur la place attenante. Les écoliers britanniques en visite et ma fille regardent autour d’eux en silence. Très impressionnées, nous nous retrouvons sur le Markt pour mettre le cap sur la Talbot House toute proche. Heureusement, l’atmosphère est ici plus joyeuse. Ce ‘Every Man’s Club’ fut pendant des mois un « comme chez-so i» où les soldats anglais pouvaient oublier la guerre. Ici, il n’y avait pas de grade. Celui qui voulait emprunter un livre laissait son képi en gage et un coin du grenieravait été aménagé pour la messe. « Cette maison n’évoque pas seulement la guerre, mais aussi la paix et l’amitié », nous explique le couple anglais qui nous accueille chaleureusement. Ils sont pendant trois semaines les hôtes de service, après quoi ils seront remplacés par d’autres bénévoles, souvent des Britanniques. Une estafette vieille d’un siècle stationnée devant la Talbot House renforce son caractère. Libby et Ken remplissent leur rôle avec enthousiasme. « Nous sommes venus ici pour la première fois il y a quatre ans, j’était enseignant à l’époque. Je suis devenu prêtre anglican et je voulais apporter ma contribution à cette page de l’Histoire », explique Ken tandis que son épouse Libby nous sert une excellente tasse de thé.
Pendant que Ken nous raconte brièvement l’histoire de la Talbot House, les enfants jouent à cache-cache dans le jardin. À notre sortie de la maison des soldats, nous passons chez le boulanger de l’autre côté de la rue. La boulangerie Sansen vend des Mazarines, un gâteau chargé d’histoire. La recette de cette douceur est restée inchangée depuis plus ‘un siècle et demi. C’est un pur produit du terroir officiellement reconnu.
Un petit détour par Lijssenthoek

Ypres

Zonnebeke
