Sites naturels de Flandre : Une source d'inspiration pour les Maîtres flamands

Lorsque vous vous promenez à pied ou à vélo à travers l’idyllique Pajottenland, vous comprenez immédiatement pourquoi Pieter Bruegel l’Ancien en est tombé amoureux. Malgré de nombreuses constructions et l’industrialisation, la région agricole située entre Bruxelles, Hal et Ninove, avec ses paysages vallonnés et ses villages campagnards charmants, reste un régal pour l’œil du peintre. Que vous optiez pour le circuit pédestre balisé Bruegel (6,9 km) ou pour la randonnée cycliste Bruegel (38,6 km), vous croiserez sur votre chemin un musée en plein air où vous verrez des reproductions d’œuvres du peintre. Celles-ci sont inspirées par le magnifique environnement pastoral proche du lieu de résidence : Bruxelles. Vous remarquez parfois quelque chose d’étrange dans les paysages qu’il a peint ?  C’est possible. Pieter Bruegel était en effet un « photoshopeur » avant la lettre : de ses nombreux voyages en Italie, il a apporté avec lui de nombreux souvenirs visuels, qu’il a plus tard incorporés dans ses tableaux. Ses œuvres sont donc souvent une interprétation italo-flamande du paysage du Pajottenland.

Lorsque l’on évoque Pieter Paul Rubens, on pense surtout à des femmes voluptueuses, mais pas immédiatement aux paysages ravissants que l’artiste a peints durant les dernières années de sa vie. À cette époque, Rubens ne vivait plus à Anvers, mais s’était retiré dans son manoir à la campagne, à Elewijt, dans le Brabant, alors château « Het Steen », aujourd’hui connu sous le nom de château Rubens. Plus proche de la nature et en compagnie de sa seconde épouse Hélène Fourment, Rubens y profitait pleinement de l’amour et de la vie, comme en témoigne l’atmosphère plus douce de ses œuvres plus tardives. L'impressionnant domaine du château, dans ce petit village de la vallée de la Senne, l'a inspiré pour une série de magnifiques peintures de paysages.

« Paysage d’automne avec une vue de Het Steen au petit matin » est sans aucun doute l’œuvre la plus connue, qui a marqué durablement l’histoire de l’art et ouvert la voie à de nombreux peintres paysagers. Le rôle principal de ce tableau est tenu par la nature luxuriante du splendide paysage légèrement vallonné de la vallée de la Senne autour du château, subtilement éclairé par un soleil matinal d'automne. Le petit pont en bois qui enjambe le ruisseau Barebeek, à Elewijt, pourrait encore exister aujourd’hui et le château lui-même présente encore de nombreuses similitudes avec l’actuel château Rubens, même si Rubens, comme ses contemporains, aimait mêler réalisme et idéalisme.

Les frères van Eyck sont bien entendu avant tout connus pour « L’Agneau mystique », qui a gagné en notoriété lors du vol de deux de ses panneaux en 1934 (« Les juges intègres » est d’ailleurs toujours porté disparu à ce jour). Mais là où les frères ont surtout excellé, c’est dans leur représentation extrêmement détaillée de la réalité – appelée « naturalisme » en peinture. Il suffit de regarder le panneau central du célèbre Agneau mystique, sur lequel ils ont donné vie à chaque brin d’herbe, chaque fleur et chaque feuille de chaque buisson avec une telle précision qu’on peut presque les toucher. Nul ne sait si les frères van Eyck ont passé des heures dans la nature, un carnet de croquis à la main, pour l'observer dans les moindres détails. Il ne peut cependant presque pas en être autrement, car les connaissances botaniques générales à cette époque étaient encore assez limitées. Ils ont donc dû faire appel à leurs propres recherches.

Des chercheurs qui ont examiné le panneau central du chef-d’œuvre ont compté plus de 75 fleurs, plantes et arbres différents à l’arrière-plan, chacun ayant sa signification symbolique propre. Ici et là, on peut voir quelques espèces végétales exotiques, comme des cyprès et des orangers, mais la majeure partie de la végétation de ce jardin paradisiaque est bel et bien originaire de nos contrées. On peut ainsi apercevoir quelques plantes typiques plus banales, comme des marguerites, des violettes, des trèfles et du muguet. Mais aussi quelques espèces qui étaient plus présentes dans la région de Maaseik (la région natale de Jan et Hubert van Eyck) que dans le reste de la Flandre, comme le sceau de Salomon et la saxifrage granulée. Bien que le jardin de l’Agneau mystique se compose d’un pot-pourri d’espèces végétales de diverses régions, nous pouvons affirmer qu’il s’y trouve aussi une pincée de vallée de la Meuse !